Eléments de réponse

 

I. La menthe, antidote au traitement homéopathique.

 

Les défenseurs de la pharmacie homéopathique pensent que le menthol, principal composant de la menthe interfère avec les médicaments homéopathiques. En effet, la menthe peut entraîner une vasoconstriction, c'est à dire que les petits vaisseaux sanguins vont diminuer de calibre. 



Schéma montrant la vasoconstriction.

 

Les produits homéopathiques se prennent généralement par la bouche et sont absorbés via le réseaux veineux situés sous la langue: les vaisseaux sublinguaux. Pour que cette absorption soit optimale, il faut que ces vaisseaux soient dilatés et l'effet vasoconstricteur de la menthe contrarie le processus.

 


D'après le livre Conseil sur l'homéopathie du docteur Horvilleur, la bouche doit être vierge de toute trace d'aliments et de boissons et il ne doit y avoir aucun goût fort en particulier celui du menthol qui aurait un effet anhilateur, c'est à dire un effet d'antidote.
Par contre on peut consommer de la menthe avant ou après le traitement, lorsque la sensation de fraîcheur (signe de la vasoconstriction) aura totalement disparu comme il est indiqué dans le Larousse de l'homéopathie.

 

Larousse de l’homéopathie

 

 

 

II. La menthe, inactive sur le traitement homéopathique.

 

Beaucoup de personnes pensent que rien ne peut entraver un traitement homéopathique, c'est le cas du Dr Allègre, homéopathe, qui affirme que ce sont d'anciennes croyances dépassées depuis 50ans.

La menthe donne une impression de fraîcheur, atténuant le goût du traitement homéopathique, de ce fait, le patient moins convaincu, pense inconsciemment qu'il ne marche pas. Mais il n'en serait rien.

Si cette coutume perdure, c'est tout d'abord parce que la Science ne vérifie jamais les anciennes croyances, et ne publie pas de démentis. Mais également on pourrait penser que, comme le soutient le Dr Horvilleur, si les homéopathes ne formulaient pas cette interdiction, ils seraient moins crédibles aux yeux de leurs patients. En effet le docteur Horvilleur, auteur de nombreux livres sur l'homéopathie (tels que le Guide familial de l'homéopathie), admet avoir dit et écrit que la menthe était un antidote à l'homéopathie sans réellement le penser.
Beaucoup de spécialistes avancent qu'il n'existe pas de contre-indication à l'homéopathie, hormis l'automédication.

 

De plus, une étude réalisée en faculté de pharmacie de Clermont-Ferrand portant sur la recherche d'un éventuel effet du sirop de menthe sur l'action anti-inflammatoire d'Apis Mellifica (7CH) vis à vis de l'érythème aux ultraviolets sur un cobaye, a conclu que l'action d'un traitement homéopathique n'est pas contrarié par la menthe. C'est pourquoi, la menthe ne serait pas à proscrire.



Schéma de l’expérience effectuée sur le cobaye.

 

 

Enfin, n'oublions pas qu'il existe des traitements homéopathiques dont la teinture mère est essentiellement composée de menthe tels que la mentha piperita (menthe poivrée) utilisée comme antispasmodique et analgésique, ou la mentha sylvestris (menthe sylvestre) connue pour ses vertus tonifiantes et bactéricides.

 

Menthe poivrée à feuilles ovales et dentées.       
 
Menthe sylvestre à feuilles allongées et dentées.


                                      

 

III. Nuances

 

Malgré les deux réponses que nous pouvons apporter, certaines questions restent sans réponses.
En effet  nous nous appuyons sur l’effet vasoconstricteur de la menthe et plus principalement sur l’effet qu’elle a sur les vaisseaux sublinguaux.
Si nous partons de ce principe on peut conclure que si le traitement homéopathique est pris  de manière différente la menthe ne gêne en aucun cas son absorption.
Par exemple, l’homéopathie est fréquemment utilisée chez le nourrisson et de plus en plus chez les animaux. Dans ces cas là le traitement est administré dilué dans de l’eau et on peut ignorer l’effet placebo. Les résultats sont pourtant encourageants.


Pour tenter de vérifier cette hypothèse nous avons donné un peu de dentifrice à la menthe (après accord du vétérinaire) à un chien pendant son traitement homéopathique visant à réduire ses douleurs articulaires. Ce traitement était composé des médicaments suivants : Calcarea Fluorica (9CH),  Rhus Toxicodendron (9CH) et Arnica Montana (5CH). Aucun changement n’a été constaté sur la façon de bouger de l’animal qui semblait aller mieux. On peut donc se poser là encore la question des effets de l’homéopathie et de la menthe sur un organisme différent de l’organisme humain.

 


                                                    Traitement administré au chien + dentifrice à la menthe

 


A la suite d’un entretien avec M.EUDES, pharmacien nous avons également appris que « l’effet du traitement homéopathique dépend des patients » selon ses dires. On peut donc supposer qu’il y a aussi diverses réactions au couple menthe/homéopathie.